Trois ans de guerre en Ukraine dévastatrices pour les perspectives d'avenir de millions d'enfants

Le manque d'accès à l'éducation des enfants d’Ukraine a des effets dévastateurs sur leur développement et bien-être mental, prévient Plan International. Alors que la guerre entre dans sa quatrième année, le 24 février, l'organisation appelle à un soutien accru pour les aider à poursuivre leur scolarité. ​ ​

En raison de la pandémie de COVID19 et la guerre qui s'en est suivie, les enfants d’Ukraine n'ont pas pu aller à l'école depuis près de cinq ans. Résultat ? Ces enfants développent souvent des problèmes d'élocution et nécessitent l'aide d'un∙e logopède. Plusieurs enseignant∙e∙s témoignent d'élèves de 5e et 6e année (10-12 ans) incapables de lire, de tenir un stylo et d'écrire correctement. ​ ​ ​

Des obstacles dans l’apprentissage des enfants ​

Plus de trois millions d'enfants ont dû fuir depuis l'escalade de la guerre il y a trois ans. Nombre de ces enfants ne peuvent pas se rendre physiquement en classe. Selon le Ministère ukrainien de l'éducation et des sciences, environ 4,6 millions d'enfants en Ukraine font face à des obstacles les empêchant d’être scolarisé∙e∙s. Au moins 30 % des établissements scolaires du pays ont été endommagés et plus de 365 écoles ont été détruites. ​ ​

Les enfants qui ont accès à l'enseignement en ligne rencontrent des problèmes techniques, comme des coupures de courant et un accès limité à Internet, ce qui constitue un obstacle supplémentaire à leur apprentissage. En conséquence, il est de plus en plus difficile pour ces enfants de continuer d’étudier sans difficultés de taille.

Isolation et instabilité

« Pour les enfants d’Ukraine, l'éducation est un rêve lointain. Des années de guerre ont chassé d'innombrables élèves des bancs de l’école, les isolant de leurs camarades. Ces enfants doivent également se passer de la stabilité que l'éducation apporte habituellement », explique Anastasiia Parubets, spécialisée dans l'éducation d'urgence en Ukraine pour Plan International. « Même lorsque les écoles restent ouvertes, la menace constante des frappes aériennes perturbe considérablement les cours : rien qu'à Kiev, les enfants ont dû faire face à 1 711 heures d'alerte depuis le début de la guerre. Les conséquences vont bien au-delà de l'enseignement : les enfants ne bénéficient pas d'un développement social vital et doivent faire face au fardeau émotionnel de la guerre ». ​ ​

Une enquête menée par Plan International auprès de 1 000 jeunes ukrainien∙ne∙s âgé∙e∙s de 15 à 24 ans révèle qu'un∙e jeune sur cinq (19,8 %) a manqué une à deux années d'études à cause de la guerre. La situation est encore pire pour les enfants des zones rurales, où l'écart s'est considérablement creusé. Une autre étude a montré que les enfants vivant dans les villages ont en moyenne quatre à cinq ans de retard sur leurs camarades. ​ ​

Un désastre pour leur santé mentale ​

Plan International avertit que les conséquences de ce bouleversement de l'enseignement sur la santé mentale sont tout aussi inquiétantes. Des millions d'enfants souffrent de traumatismes, d'anxiété et de dépression et éprouvent des difficultés à se concentrer et gérer leurs émotions. Ces problèmes psychologiques, exacerbés par la menace constante des frappes aériennes, la perte de membres de la famille et la destruction de maisons, ne sont souvent pas résolus en raison du manque de ressources et services de soutien. ​

« Nous ne pouvons pas sous-estimer l'impact à long terme de cette crise sur le bien-être des enfants. Pour beaucoup, la guerre n'est pas seulement une menace physique, mais aussi psychologique, avec des effets durables sur leur développement émotionnel et cognitif », explique le Belge Sven Coppens, qui coordonne l'aide humanitaire en Ukraine et dans les pays voisins pour Plan International. « Les perturbations de l'enseignement signifient que les enfants ne peuvent non seulement pas apprendre mais aussi saisir des occasions importantes de socialiser, s'exprimer et faire face au traumatisme subi. Il s’agit d’un désastre pour leur santé mentale et leurs perspectives d'avenir ». ​ ​


Plus d’informations : ​


PHOTO : Tetiana, une enseignante de la région de Kharkiv, a dû fuir son domicile lorsque la guerre s'est intensifiée. Avec sa famille, elle s'est installée dans une petite ville près de Berestyn, où ses enfants ont fait face à des difficultés émotionnelles : son fils cadet a commencé l'école dans le chaos pendant que sa fille, adolescente, luttait contre l'isolement.

Pour soutenir ses enfants et ses élèves, Tetiana s'est inscrite au programme de formation Safe Space, destiné aux enseignant∙e∙s et psychologues, qui met l'accent sur des techniques de soutien émotionnel. Elle utilise désormais ces techniques dans sa classe, en aidant les enfants à exprimer leurs sentiments par le biais d'activités comme le dessin ou encore le coloriage de figures sur base d'émotions. Cela leur permet de travailler sur leur souffrance, en particulier d'avoir perdu leurs animaux de compagnie lors de l'évacuation.

Share

Recevez des mises à jour par e-mail

En cliquant sur « S'abonner », je confirme avoir lu et accepté la Politique de confidentialité.

À propos de Plan International Belgique

Plan International Belgique est une ONG belge indépendante membre de Plan International qui défend l’égalité pour les filles et les droits des enfants dans le monde. Depuis 1983, nous accompagnons les enfants et les jeunes vers l’autonomie et leur permettons de changer leur avenir. 

Nous donnons les mêmes chances aux filles qu’aux garçons : apprendre à l’école et obtenir un emploi décent, diriger les changements de leur société, décider de leur vie et de leur corps et s’épanouir à l’abri de la violence, de la naissance à l’âge adulte.

Contact

Plan International Belgique Rue du Marquis 1 1000 Bruxelles, Belgique

+32 470 69 12 72

press@planinternational.be

www.planinternational.be