Réduire le budget de la coopération au développement : une petite mesure aux grandes conséquences
« Nous devons continuer à investir dans l'avenir des filles dans le monde entier. »
Plan International Belgique tire la sonnette d’alarme face à la réduction du budget alloué à la coopération au développement. Cette coopération joue un rôle essentiel dans la stabilité mondiale, dont nous bénéficions également ici, en Belgique. De plus, la solidarité envers les personnes les plus vulnérables est une responsabilité morale qui ne devrait pas être négligée.
Selon des informations relayées par les médias, les partis de la coalition Arizona envisageraient de réduire drastiquement le budget alloué à la coopération au développement : il s'agirait d'une réduction de 25%. Une telle décision serait contre-productive. Nos efforts en matière de solidarité internationale influencent directement notre capacité, en tant que petit pays, à être écouté∙e∙s dans des discussions cruciales pour nos intérêts nationaux, nos entreprises et nos citoyen∙ne∙s. Par ailleurs, qu’il s’agisse de soutien au développement ou d’aide humanitaire, apporter une aide aux autres reste une obligation morale fondamentale.
Ne laissons pas les filles de côté
« Nos projets se concentrent sur les filles et les jeunes femmes, mais aussi, plus largement, sur tous les enfants et les jeunes », déclare Isabelle Verhaegen, directrice nationale de Plan International Belgique. « Les filles sont souvent particulièrement vulnérables : elles ont moins d’opportunités pour se développer, sont fréquemment victimes de violences sexuelles et physiques et se retrouvent enfermées dès leur plus jeune âge dans des rôles de genre traditionnels. Pourtant, elles ont un potentiel immense ! Avec un petit coup de pouce, elles peuvent transformer leur communauté. Les filles sont capables de déplacer des montagnes, à condition que nous ne les abandonnions pas. »
Et pourtant, c’est exactement ce qui risque de se produire aujourd’hui. Une coupe drastique dans le budget de la coopération au développement entraînera l’arrêt de nombreux projets essentiels à travers le monde. Prenons l'exemple de l'Ouganda, qui accueille plus de 1,7 million de réfugié∙e∙s, en grande majorité originaires du Soudan du Sud. Malgré les efforts considérables des autorités locales, cet accueil s’accompagne de défis majeurs : manque de ressources, services insuffisants, risques accrus de violences sexuelles et physiques, mariages d’enfants, grossesses précoces non désirées et abandon scolaire.
« Plan International Belgique soutient l’accueil dans le camp de Bidibidi, dans le nord-ouest de l’Ouganda. En collaboration avec des partenaires locaux, nous offrons un soutien psychosocial et garantissons aux filles, ainsi qu’à tou∙te∙s les autres enfants et jeunes, un environnement sûr pour pouvoir se développer. Sans l’appui de la Belgique, beaucoup seront abandonné∙e∙s à leur sort. Où se rendre dans ce cas ? »
Investir dans l'avenir
« Nous devons continuer à investir dans l'avenir des filles, et ainsi investir dans l’avenir de tou∙te∙s. Interrompre ces investissements aurait des conséquences catastrophiques », résume Isabelle Verhaegen. Aujourd’hui, grâce au soutien du gouvernement belge, Plan International permet aux filles et jeunes femmes au Sénégal d’accéder à une éducation inclusive et durable, ouvrant ainsi la voie à des opportunités économiques. Mais l’arrêt de tels projets compromettrait gravement leur avenir. En Équateur, les rôles stéréotypés entraînent une discrimination dès le plus jeune âge, avec pour conséquence un nombre alarmant de grossesses à l'adolescence.
« Si les informations qui circulent se confirment, l’avenir s’annonce sombre pour les populations les plus vulnérables dans le monde entier. Pire encore : réduire les budgets de la coopération au développement nous rend également plus vulnérables ici, en Belgique. Au lieu de couper dans ces fonds, les responsables politiques devraient augmenter le budget pour atteindre 0,7 % du produit intérieur brut, conformément à leur engagement pris il y a plusieurs années. Réduire les dépenses en solidarité internationale, c’est choisir une solution à court terme qui compromettra des résultats cruciaux à long terme. »
Photo - Dans un centre de développement de la petite enfance situé dans un camp de réfugié∙e∙s en Ouganda, les enfants apprennent en jouant. L’apprentissage par le jeu aide ces enfants à développer leurs compétences sociales, émotionnelles, créatives, physiques et cognitives. Il renforce également les connexions cérébrales essentielles à leur développement futur.