La résistance quotidienne des filles remet en question les normes de genre
Nouvelle étude mondiale de Plan International

63 % des filles à travers le monde mènent secrètement leur propre lutte contre les normes de genre dominantes, d’après le nouveau rapport Girls' Everyday Resistance. Cette étude menée par Plan International et l'Université de Cardiff montre que les filles – peut-être même sans s'en rendre compte – deviennent le moteur du changement social.
Le rapport Girls' Everyday Resistance repose sur 18 ans de données qualitatives issues de l'étude Real Choices, Real Lives de Plan International. Cette étude a suivi 142 filles dans neuf pays – le Bénin, le Togo, l’Ouganda, le Brésil, la République dominicaine, El Salvador, le Cambodge, les Philippines et le Vietnam – de leur naissance jusqu'à leurs 18 ans. Elle dévoile comment ces filles vont à l'encontre des attentes dominantes dans leur vie quotidienne, sans pour autant s'identifier comme activistes.
Cette résistance prend de nombreuses formes : les filles pratiquent des sports traditionnellement associés aux garçons, nouent des amitiés normalement interdites, se demandent pourquoi elles doivent faire plus de corvées tout en ayant moins de libertés ou réclament un meilleur accès à l'information sur la sexualité. Il s'agit de petits mais non moins courageux actes de résistance qui remettent en question les normes traditionnelles de genre.
Les filles vont souvent à l'encontre des attentes sociales... en secret. Cela se comprend : les recherches montrent que tels actes peuvent avoir de graves répercussions puisque 83 % des filles ont déjà subi des punitions corporelles. Il n'est donc pas étonnant que moins de la moitié d'entre elles remettent ouvertement en cause les normes de genre traditionnelles.
Reconnaître l'activisme courageux
« Les filles du monde entier trouvent des moyens créatifs et souvent subtils de lutter contre les inégalités de genre dans leurs communautés », explique le Dr Rosie Walters, maître de conférences en relations internationales à l'université de Cardiff. « Mais pour beaucoup, s'exprimer ou ignorer ouvertement les règles de genre peut s'avérer dangereux. Notre message aux personnes qui souhaitent soutenir l'activisme des filles est qu'il faut leur permettre d'exprimer leurs opinions, de remettre en question les normes et d'influencer les décisions. »
« Ces conclusions doivent nous interpeller », estime Isabelle Verhaegen, directrice de Plan International Belgique. « Les filles fixent de nouvelles normes, mais elles ne le font pas sans risque. Celles qui élèvent la voix sont trop souvent la cible de commentaires offensants, d'attaques personnelles et de campagnes de haine en ligne. Tout cela ne fait que rendre leur résistance encore plus admirable : cela montre leur courage, leur force et leur leadership. Nous nous devons de les applaudir, les respecter et les encourager. Il est plutôt lâche de les qualifier de jeunes naïves. Pour faire vraiment preuve de courage, nous pourrions parfois simplement nous taire et écouter ce que le futur a à nous dire. »
Le rapport reprenant les conclusions de la recherche est disponible en français (pdf) et en anglais (pdf).
