« Jouer apporte de la joie, des liens sociaux et de l'espoir »
Le jeu devrait être une priorité pour nos responsables politiques
11 juin : Journée internationale du jeu
Ce 11 juin, nous célébrerons pour la première fois la Journée internationale du jeu. L'ONU a en effet décidé en début d'année de consacrer une journée par an à partir de 2024 à la mise en valeur du jeu et de ses nombreux bienfaits. Cette décision est pleinement justifiée, estiment de concert le professeur Jeroen Scheerder (KUL) et Plan International Belgique. Car le sport et le jeu sont essentiels pour les enfants, mais aussi pour la société dans son ensemble.
Mettre l'accent sur le jeux deux jours après les élections ? ‘Ce n'est pas le moment’, diront beaucoup. Et pourtant : même aujourd'hui – surtout aujourd'hui – il faut attirer l'attention sur le jeu. Notre société et nous-mêmes, en tant qu'êtres humains, ne pouvons nous passer du jeu. Il permet aux enfants de se préparer à l'école et à la réussite dans la vie. Il aide les enfants et les jeunes à guérir des traumatismes et à devenir des citoyen·ne·s physiquement et mentalement sain·e·s, sociables et sûr-e-s d'eux.
« Le sport et le jeu, que nous réunissons sous la thématique ‘Ses loisirs’, constituent un pilier important de nos activités », confie Isabelle Verhaegen, directrice nationale de Plan International Belgique. « Le jeu est un puissant levier d'autonomisation sociale et un moyen efficace de lutter pour l'égalité de genre. Il donne aux filles confiance en elles et leur offre la possibilité de briser les stéréotypes. Que les filles, et les enfants en général, puissent jouer est donc un élément indispensable dans notre lutte pour un monde où chaque fille puisse vivre libre. «
Elle poursuit : « Partout dans le monde, les filles ont moins de temps et d'occasions de jouer, en raison, entre autres, des inquiétudes liées à leur sécurité, des restrictions de leur liberté de mouvement, des travaux de soins et des tâches ménagères non rémunérés, des mariages précoces et forcés et du manque d'accès à l'éducation. Cela limite le potentiel des filles à développer les compétences sociales, émotionnelles et cognitives qui constituent la base de la participation, du leadership, de la communication et de la résolution de problèmes tout au long de leur vie. Toutes les filles, partout dans le monde, devraient avoir le temps, l'espace et la liberté de jouer. »
Des espaces publics sûrs : une priorité pour les responsables politiques
Le professeur Jeroen Scheerder (professeur de politique sportive et de sociologie du sport à la KU Leuven et Research Associate à la chaire de l'UNESCO pour le sport, le développement, la paix et l'éducation olympique à la University of the Western Cape) confirme l'importance du jeu pour les enfants. « Le jeu est universel et omniprésent, c'est un besoin humain incessant de recréer et de créer. Le jeu constitue une détente par l'effort», explique-t-il. « Lorsque les enfants ne peuvent pas jouer ou ne jouent pas assez, cela peut conduire à l'analphabétisme moteur, à la myopie précoce et à en faire des êtres surprotégés et timides. Si nous ne voulons pas que nos enfants deviennent demain des citoyen·ne·s physiquement et socialement inactif·ve·s et timoré·e·s, ils et elles doivent pouvoir se dépenser avec insouciance aujourd'hui.»
« Mais pour pouvoir jouer, les enfants et les jeunes doivent disposer de l'espace nécessaire », souligne le professeur Scheerder. « Un espace sûr qui leur permette de se mouvoir, de jouer et de vivre des aventures sans retenue, suffisamment d'espace pour se forger leurs propres expériences heureuses et malheureuses : cela devrait être là une priorité pour nos responsables politiques. »
Le jeu dans les contextes de crises et de coopération internationale
Même dans le cadre de la coopération internationale et de l'aide humanitaire, le jeu fait partie intégrante de la vie. Avoir à manger et à boire, ainsi qu'un toit et des soins médicaux élémentaires ne suffit pas, même dans les situations de crise : Jeroen Scheerder et Isabelle Verhaegen sont entièrement d'accord sur l'importance du jeu dans tous les contextes.
« Le jeu apporte de la joie, des liens sociaux et de l'espoir en temps de crise. Il aide les enfants à développer leur résilience et à se remettre de situations stressantes », explique Isabelle Verhaegen. « Même dans les situations de crise, les enfants doivent pouvoir jouer.»
Et les filles doivent faire l'objet d'une attention particulière à cet égard, car les conséquences des conflits et des crises sont particulièrement lourdes pour elles. Elles sont en effet les premières à ne plus avoir le droit ou la possibilité de jouer librement, alors que c'est essentiel pour leur bien-être, leur apprentissage et leur autonomie."
Plan International appelle donc les acteur·rice·s humanitaires et les gouvernements - ainsi que les responsables politiques nouvellement élu·e·s - à investir davantage dans des méthodes de jeu inclusives et de qualité dans le cadre de la réponse humanitaire.
Notes:
- La Journée internationale du jeu sera célébrée chaque année le 11 juin à partir de 2024. Plus d'informations sur le site des Nations Unies.
- De plus amples informations sur les espaces publics sûrs et le projet Safer Cities sont disponibles ici.
- À propos de la photo : Le Ludobus de Modavia est la ludothèque itinérante par excellence. Rempli de jeux éducatifs, de livres et de puzzles, le bus et son équipe d'animateurs et de psychologues visitent différents villages et centres de réfugiés à travers le pays pour améliorer le bien-être des enfants et de leurs familles touchés par le conflit en Ukraine.
Le Ludobus crée non seulement une joyeuse atmosphère de carnaval pour les enfants, mais il offre également aux mères la possibilité de se reposer et de regarder leurs enfants s'amuser. Elles ont également la possibilité de laisser leurs enfants dans l'espace sécurisé et d'assister à une séance volontaire avec des psychologues pour discuter de leurs besoins et évoquer les problèmes auxquels elles peuvent être confrontées.