Et si on parlait des règles ?
Plan International Belgique demande qu'une attention particulière soit prêtée aux défis spécifiques auxquels sont confrontées les filles et les jeunes femmes, y compris dans le cadre de la coopération au développement et l'aide humanitaire.
Aujourd'hui encore, à l'occasion de la Journée mondiale consacrée à la santé menstruelle (28 mai), 800 millions de personnes dans le monde ont leurs règles. C'est le cas ici en Belgique, mais aussi partout dans le monde, que ce soit dans le Sahel frappé par la sécheresse, au Myanmar ravagé par un tremblement de terre ou encore dans les camps de réfugiés, au Soudan et à Gaza.
Bien que le cycle menstruel soit un processus biologique normal qui touche environ la moitié de la population à un moment ou un autre de sa vie, il est néanmoins associé à des tabous, une stigmatisation et des fausses idées reçues dans le monde entier. L'idée que la menstruation serait « sale » et que toute personne ayant ses règles serait « impure » est difficile à éradiquer. De même, dans certaines cultures, les filles sont considérées comme prêtes à être mariées dès qu'elles ont leurs règles, comme si la fertilité impliquait que les filles - souvent encore adolescentes - étaient soudainement mûres mentalement et physiquement prêtes pour le mariage.
Précarité menstruelle
Les règles ont un impact sur presque tous les aspects de la vie des filles et des jeunes femmes, en particulier lorsqu'elles n’ont pas accès à des produits menstruels, des installations sanitaires appropriées ou des médicaments pour soulager leurs douleurs. Dans le monde, 1,5 milliard de personnes ne disposent pas d'installations sanitaires de base telles que des toilettes privatives. La précarité menstruelle touche quelque 500 millions de personnes au total, ce qui signifie qu'elles ne sont pas en mesure de gérer leurs règles sainement et avec dignité.
Pour de nombreuses filles et jeunes femmes, il n'est pas évident d'aller à l'école, de faire du sport ou de participer pleinement à la vie publique pendant leurs règles. La précarité menstruelle et le manque d'aménagements nuisent à leur santé, affectent leur autonomie et leur indépendance, et réduisent leurs possibilités de s'exprimer. Cela s'avère particulièrement lorsque les filles et les femmes sont confrontées à une crise humanitaire, par exemple, à cause d’un conflit armé, d’une catastrophe naturelle, de l’impact du changement climatique...
Lutter contre les préjugés
Nous ne pouvons lutter pour l’égalité des genres et contre les préjugés que si nous nous attaquons aux tabous liés aux règles. Plan International s’attèle depuis des années à sensibiliser les communautés à la santé menstruelle et à briser la stigmatisation associée aux règles. Nous le faisons en travaillant avec des filles, des femmes mais aussi des garçons et des hommes. Nous mettons également à disposition des filles et des femmes des produits d’hygiène menstruelle, ainsi que des installations sanitaires et des toilettes adaptées.
« Nous continuons à demander à nos gouvernements d'inclure la dimension de genre dans leurs politiques de développement et d'aide humanitaire », déclare Ineke Adriaens, directrice des programmes internationaux de Plan International Belgique. « Nous faisons tout notre possible pour adopter une approche transformatrice du genre dans toutes les dimensions de notre travail. Et nous en demandons autant de nos partenaires. Nos programmes internationaux doivent prendre en compte les défis spécifiques auxquels sont confrontés les filles et les femmes, y compris leurs règles. Nous devons prendre en compte leurs besoins spécifiques et contribuer à lutter contre les préjugés qui limitent les filles et les femmes. Ce n'est qu'à cette condition que nous parviendrons à une véritable égalité et à l'équité entre les genres. Ce n'est que de cette façon que nous pourrons sauvegarder les droits des filles. »
